Mettre les voiles sur le grand voilier blanc avec à l’esprit, comme asile pour un voyage fou, le seul pays non cartographié : l’Ailleurs.
Lire sur le vieux kiosque bleu, les prophéties dorées du passé et ne retenir que ces mots qui me parlent de nous: « quand tu n’étais pas. »
Monter le grand escalier du vieil hôtel Argentino, parfumé de mélancolie, sans que personne ne me murmure : « Tu montes, Chéri ».
Attendre éternellement, avec une patience infinie, que les vagues aient raison de la roche. Et pour se distraire, égrainer les minutes comme les vagues, le sable.
Accrocher son regard à l’horizon, pour y projeter des rêves de lendemains triomphants.
Mais se satisfaire secrètement de la tendre victoire du jour qui s’éteint.
S’amuser de l’écume qui se prend pour le ciel. Et rire de cette vague plus vaillante que les autres qui nous asperge de son parfum atlantique. Et rire encore, en essuyant nos lèvres salés par les êtres de l’océan.
Regarder le sable qui n’a besoin de personne pour s’inventer des Châteaux festoyant à l’air libre, et les dunes se laisser dévorer goulûment par la mer.
Et dans le calme argenté du soir venant, se choisir un trône de pierre aux arrêtes limées par les âges, un peu comme soi, et regarder le jour disparaître avec le fatras de choses inaccomplies.
Et ne retenir qu’un fait, qu’un souvenir de cette journée moribonde, un mot, un repas, un regard inconnu, que sais-je, et le ranger bien au chaud dans sa boîte à trésor…











