Conférence Paua.life

Voici le texte de mon intervention à la conférence Paua, pour sa seconde édition à Paris qui s’est déroulée le 12 et 13 mai 2023, visant à établir un pont et des connexion entre l’intelligence naturelle et intelligence artificielle (IA). Penser le futur grâce à la conscience des peuples premiers, dans un respect de l’humain et de la nature. Ce fut un florilège d’interventions remarquables animées par des intervenants de haut vol ! (voir: paua.life )

Bonjour à tous, 

Je vais vous raconter brièvement l’histoire d’un homme qui a ressuscité de son vivant.

Cet homme a 58 ans. Depuis plus de trois décennies, il se définit comme un serial entrepreneur. Il a créé et développé 6 entreprises, des start-ups et créé plusieurs centaines d’emplois, dans le monde de l’Internet, du numérique et de la VOD.

Il a vendu la plupart de ces entreprises, parfois pour des millions de dollars, parfois pour 1 euro, lorsque les temps étaient durs.

Cet homme, vous l’aurez deviné, c’est moi. 

Pendant toutes ces années, j’ai eu une vie fabuleuse. J’ai vécu à Paris, je n’avais pas de problème, ni de santé, ni d’argent. J’ai décidé de ma vie et des aventures dans lesquelles je me lançais. Je voyageais, dinais dans de beaux restaurants et avais de bons amis et de belles histoires d’amour.

Seulement deux événements sont venus se conjuguer pour me faire réaliser que je voulais autre chose, que ma vie ne devait pas se résumer à une réussite financière, à un statut social, à gérer des listes de choses à faire, à parler à un banquier au téléphone chaque semaine, à payer pleins d’impôts, mais surtout à rencontrer des centaines de personnes chaque année qui ne m’apprenaient rien. 

Que cette vie de rêve n’était pas celle dont je rêvais. 

6 mois avant que je sache que j’allais changer radicalement de vie, je suis rentré chez moi après une dure journée d’entrepreneur, une journée à ne faire que régler des problèmes et je me suis posé cette drôle de question, surgie de nulle part : « S’il y a un incendie qui se déclare dans l’appartement, je n’ai que trois minutes maximum pour me sauver. Qu’est-ce que je prends, qu’est-ce qui est important pour moi, de quoi ai-je besoin ? Et là j’ai fait le tour de tout mon appartement, j’ai tout regardé pendant 20 minutes et la réponse fut : « Rien ! Je n’emporte rien, je me sauve… »

Alors, je me suis demandé pourquoi je louais très cher un appartement, depuis des années pour y accumuler plein de choses dont je n’ai absolument rien à faire. Et peut-être que dans 4 ou 5 ans je déménagerai dans un plus grand appartement, qui allait me coûter encore plus cher, pour y mettre des meubles pour ranger de nouvelles choses dont j’ai encore moins à faire. Cette accumulation de choses matérielle qui ne mène à rien m’est soudainement apparue complètement absurde.

Le second événement est le suivant. Je lisais l’autobiographie du poète chilien Pablo Neruda, qui s’intitule, « J’avoue que j’ai vécu ».

Un beau jour, buvant mon café à 6h du matin je me contente de regarder le titre et je me dis mais quelle incroyable titre pour une autobiographie, très simple, très fort. Mais surtout, quelle portée philosophique. Qu’est-ce qu’il y a derrière « j’ai vécu ». Comment avouer qu’on a vécu ? Qu’est-ce que cela veut dire d’ailleurs « avoir vécu » ? Chacun de nous a sa propre définition, une vie riche, une vie intense, une longue vie, une vie de sagesse… Et puis je me suis dit, si jamais la mort frappe à la porte et me dit « Frederic, je vais te donner le baiser de la mort, puis je t’emmène et on y va, là comme tout le monde je vais lui inventer toutes les raisons possibles pour ne pas partir, pour rester un peu plus sur cette terre, pour lui dire que j’ai encore plein de choses à faire et à vivre.

C’est ce jour-là que j’ai pris la meilleure décision de mon existence. J’ai décidé de m’alléger de tout ce qui n’était pas important pour moi et de consacrer les 20 prochaines années à vraiment, mais vraiment vivre.

Sept mois plus tard, j’ai réussi à vendre ma dernière entreprise à un concurrent et à reprendre ma liberté. Je me suis délester de presque tout ce que je possédais. J’ai résilié mon appartement, vendu tous mes meubles, offert 90% des vêtements, des objets et des livres qui encombraient ma vie.

Plutôt que de recréer une nouvelle start-up, presque par réflexe, comme je l’aurais fait auparavant, et de me retrouver à nouveau piégé dans le système, ou d’attendre d’avoir une crise cardiaque ou un cancer pour comprendre qu’on a qu’une vie, j’ai décidé qu’il était temps de profiter des quatre ingrédients les plus précieux qui composent le fabuleux cocktail qu’on appelle l’Existence.

Ces ingrédients essentiels sont une bonne santé, un peu d’argent, la liberté retrouvée et du temps. 

Je me suis donc envolé le 6 novembre 2018, date de ma résurrection, pour l’autre bout du monde, avec d’en l’idée de profiter de ma vie, de découvrir la planète, de partir à la rencontre des autres, de laisser la vie me proposer de nouvelles opportunités, de vivre un maximum d’expériences, de me consacrer à ma passion qui est l’écriture, et en faisant le tour du monde, et finalement avoir l’occasion pour faire le tour de moi-même, de descendre au plus profond de moi. 

Je vis désormais sur les chemins du monde, avec uniquement 14 kg de bagages (5 Tshirts, deux pantalons et deux paires de chaussures, un ordinateur et un téléphone).

Lors de ces 5 années de vie nomade, mon périple m’a amené à voyager et à vivre dans 25 pays, à traverser 36 frontières, et à rencontrer des centaines de personnes que je n’aurais jamais connues sans cette magnifique liberté que je me suis offerte.

J’ai parcouru plus de 27.000 km en Afrique australe, dormant la plupart du temps sur le toit de mon Land rover, et 45.000 km en solitaire, sur ma moto en Amérique Latine. 

J’ai passé trente ans à avoir une vie passionnante, et les 5 dernières années à vivre une existence extraordinaire que je souhaite à tous les gens que je rencontre.

Au fil des 1700 jours écoulés depuis mon départ, l’entrepreneur que j’étais est devenu globe-trotter et écrivain-voyageur. Le fruit de cette expérience, de cette métamorphose personnelle, de cette ouverture au monde est résumé dans les deux livres que j’ai publiés.

Le premier paru en 2021 s’intitule LIBRE, (qui signifie FREE) et le second paru en 2022 porte le titre de VIVANT (ALIVE in English), qui est la suite de mes chroniques de voyages. Un troisième livre devrait sortir en fin d’année. 

Je suis aussi relié au monde, au travers de mon blog de voyage, accessible dans toutes les langues, qui réunit des centaines de chroniques inédites et des milliers de photos : fredericpie.fr

Quelques leçons que j’ai apprises, parmi tant d’autres ?

Les 4 verbes de l’existence humaine

Dans ce processus de métamorphose pour retrouver ma propre vérité, mon véritablement chemin de vie, je me suis efforcé, avant de partir, de résumer la vie à 4 verbes seulement, tous les autres verbes étant contenus dans ces 4 petits verbes. Quels sont-ils ? Être, Avoir, Faire et Paraître.

Étant devenu une sorte de gitan de luxe, j’ai décidé de résumer ma vie et ma philosophie seulement deux verbes : ETRE et FAIRE. J’ai définitivement abandonné le verbe AVOIR, c’est-à-dire l’idée de posséder quoi que ce soit. 

Je possède désormais ce que je suis. 

Et le verbe Faire, qui est le verbe de l’action, pas du paraître. Je suis ce que je vis, pas ce que je montre.

Pour reprendre la jolie formule d’Albert Camus, « Le véritable bonheur, c’est la cohérence d’un homme entre ce qu’il est et ce qu’il fait. ».

Les 3C

Au début de mon aventure, de cette nouvelle vie, j’ai rencontré un voyageur colombien qui voyageait aussi en solo, sur sa moto. Nous parlions du minimalisme et du fait de vivre et de voyager léger. Il m’a dit cette jolie chose « Vas a vivir con los 3C » (You gonna live with the 3C). Je lui demandai alors, d’un air interrogatif ce qu’étaient les 3C. Il me répondit : tu Cabeza, tu Corazon, tus Cojones.

Je me demande si dans la vie nous avons besoin d’autres bagages que notre intelligence, notre bonté et notre courage pour tracer notre chemin et trouver notre place.

Dieu existe

Albert Einstein disait joliment : « Le hasard, c’est le déguisement que prend Dieu pour voyager incognito ! »

Après 5 années d’aventure, j’ai la conviction que le hasard n’existe pas. Ou qu’il n’existe qu’au Casino mais que la vie n’est pas un jeu. 

J’ai souvent rencontré Dieu. Je ne parle pas du Dieu des livres sacrés, celui des catholiques, des juifs ou des musulmans. Ni de celui imprimé sur les billets de banque américains.

Je parle d’une puissance qui nous dépasse, d’une intelligence suprême, invisible et inconnue que j’ai admiré intensément, presque tous les jours et qui se manifeste dans deux choses bien réelles :

L’époustouflante beauté de notre planète, d’une beauté à en pleurer.

Et le génie absolu du vivant, au travers de longues observations des mondes animal et végétal. 

Vivre avec et pour la Nature, pas contre la Nature !

Partout, dans tous les pays, sous toutes les latitudes, j’ai vu les preuves d’une planète qui souffre et d’une humanité qui se suicide collectivement.

Partout j’ai vu la Nature renaître dès que des hommes, plus lucides que d’autres, se donnent la peine de la préserver ou de la réparer.

Partout, j’ai vu l’humanité sombrer dans la malbouffe, le désœuvrement, la bêtise, le divertissement et l’insouciance, tous les signes avant-coureur d’un effondrement de notre civilisation, désormais mondiale.

Partout, j’ai pu voir en chaque homme ou femme que je croisais, le pire mais aussi le meilleur.

Je suis persuadé aujourd’hui que le véritable suicide que l’humanité s’apprête à vivre de manière collective, n’a de solution que dans une prise de conscience courageuse et dans la responsabilité individuelle pour inventer un autre monde.

Au terme de tant d’expériences vécues, je suis convaincu que le salut de l’humanité, que l’étincelle qui nous fera changer et sauver notre maison qui brûle est dans le vivre ensemble. S’ouvrir à l’autre et retrouver notre place initiale dans la Nature et au milieu du monde du vivant.

En Afrique du Sud, j’ai découvert la philosophie de l’Ubuntu, dont Nelson Mandela fut l’un des grands ambassadeurs. L’Ubuntu signifie « Je suis parce que nous sommes ». Je n’existe que parce que d’autres m’ont précédés et que je suis un élément de la communauté des hommes.

En Amérique du Sud, tous les peuples indigènes et autochtones ont un terme pour qualifier le « bien vivre ». Les Indiens Guarani disent Tekoporá. Cela signifie bien vivre collectivement. Teko pouvant être traduit par « la manière d’être », et Porà signifiant la beauté et le bien.

Et maintenant ?

En conclusion, je parlais tout à l’heure de la responsabilité individuel et du rôle que chacun doit endosser pour que les hommes cessent de faire la guerre à la Nature et arrêtent de détruire la Terre dont nous dépendons tous pour notre survie. Et je pense à nos enfants, envers lesquels nous avons une dette morale et écologique.

Il nous faut aujourd’hui 3 planètes Terre chaque année, si les 8 milliards d’individus que nous sommes adoptent le mode de vie des européens. Et partout où je suis passé, j’ai vu la grande majorité des peuples, en Océanie, en Afrique et en Amérique Latine, qui rêvent de vivre comme des Américains, qui consomment chaque année l’équivalent de 5 planètes terres.

Je suis personnellement persuadé que la solution à tous nos problèmes, et ils sont nombreux et plus graves et plus urgents que jamais, est de la responsabilité de chacun d’entre nous.

Alors, comme le petit colibri qui vole en direction de l’incendie dans la forêt, à l’étonnement de tous les animaux qui courent et essaient de s’échapper, j’ai décidé de faire des aller-retours à la rivière et de ramener à chaque fois quelques gouttes d’eau dans mon bec. Et à tous les animaux qui fuient et me disent que cela ne sert à rien et que je ne vais pas arrêter le feu avec si peu, je réponds, avec la conscience tranquille et l’énergie fabuleuse du désespoir : « Peut-être, mais je fais ma part ! ».

J’ai donc décidé, au terme de ces cinq années de profond changement, de libérer à nouveau l’entrepreneur qui est en moi et de faire ma part pour réparer le monde que nous abîmons chaque jour davantage. J’ai décidé de m’installer en Amérique du Sud, où se trouve le principale poumon du monde, l’Amazonie dont nous avons déjà détruit plus d’un quart de la surface. Le projet s’appelle Fertil America et j’ai le plaisir de l’annoncer pour la première fois, à la conférence Paua. C’est sans doute le projet entrepreneurial le plus important de mon existence. Fertil America sera un fonds d’investissement et un accélérateur de solutions pour la transition écologique à fort impact environnemental, dont l’objectif est de développer fortement l’agriculture régénérative à l’échelle du continent Sud-Américain, une agriculture nouvelle qui repose sur des principes anciens, consistant à réparer le sol et à lui redonner vie, afin qu’il stocke le carbone de l’atmosphère. 

En 6000 ans d’agriculture, les hommes ont détruit plus d’un milliard d’hectares. Et un autre milliard a été détruit en seulement 70 ans, à cause des méthodes employées par l’industrie agro-alimentaire. Imaginez l’accélération de la catastrophe. 2 milliards d’hectares c’est l’équivalent de la surface des Etats-Unis et de l’Europe. En 70 ans, nous avons tué le sol sur une superficie grande comme la Chine. 

Le projet s’appelle Fertil America et j’ai le plaisir de l’annoncer pour la première fois à Paris, à la conférence de Paua.life. Il s’agit probablement du projet entrepreneurial le plus important et ambitieux de ma vie.  

L’objectif de Fertil America est de devenir l’un des fonds d’investissement et philanthropique les plus actifs en Amérique Latine, qui agrège et accélère le déploiement de solutions positives et concrètes pour la planète, à travers un laboratoire, une ferme pilote servant d’expérimentation grandeur nature, promouvant les meilleures pratiques basées sur l’agriculture régénératrice. Le projet intègre également un institut de formation, afin de diffuser ces pratiques à grande échelle, sur le continent sud-américain.

L’agriculture régénératrice est une nouvelle agriculture basée sur des principes anciens, consistant à réparer le sol et à lui redonner vie.

A l’issu de ces cinq années de voyages au quatre coins du monde, je pense être devenu sincèrement l’homme le plus léger, le plus libre et le plus heureux du monde. A partir d’aujourd’hui, vous pourrez dire que vous avez rencontré l’homme le plus libre et le plus déterminé à faire sa part pour favoriser l’émergence d’un monde meilleur…

Je vous remercie.

Publié par

Entrepreneur, écrivain et globe-trotter. L'homme le plus léger, le plus libre et le plus heureux du monde;-)

6 commentaires sur « Conférence Paua.life »

  1. Celebro tu existencia, Trotamundos, por ser quien eres…ese hombre arrecho -que tiene mucho de corajudo-, de inteligencia clara y enorme corazón…Y que, quizá, por esa misma confluencia, termina siendo una especie de hombre-virus muy contagioso, excepcionalmente estimulante, alentador. ¡Viva América Fértil!

    Aimé par 1 personne

  2. Bonne chance pour votre nouveau projet
    Allez-vous continuer ce blog ?
    Quelles ont été les réactions avec le public à l’issue de votre intervention ?

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  3. Meeerde alors là tu me touches! Bordel!!!
    A travers cette grande liberté doit on penser à soi? Se dévêtir, s’alléger, laisser derrière, quitter et penser à soi ou existe il l’autre? Ou alors faut il ce temps, ces km pour revenir vers et pour l’autre?

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