Comme elles sont jolies et turbulentes ces petites fleurs blanches, en ce matin de rentrée scolaire. Elle sont là, toutes fraîches et pimpantes, se balançant sur leur escarpins de jeunes adolescentes, piaillant comme des oisillons dans l’attente de leur becquée du jour.
A deux pas d’elles, dissimulé par un simple voilage et le rideau épais de mon silence, je les écoute et les observe lancer à la cantonade, en s’adressant au ciel d’un bleu onusien, leurs revendications et leurs plaintes.
Pourquoi les vacances d’été terminent-elles si tôt, demandent-elles, d’un même chœur ? Pourquoi est-on obligé d’apprendre alors qu’il y a Google et l’intelligence Artificielle qui savent tout et bien plus ? S’écrie la plus grande.
Et pourquoi ne leur laissons-nous pas vivre leur vie d’instagrammeuses, elles qui préfèreraient passer leur temps sur les réseaux, plutôt que de devoir écouter à longueur de journée, les cours de sciences naturelles dispensées par de vieilles influenceuses aux allures d’abeille, qui se piquent de tout savoir.
Je souris de leur immaturité et de leur âneries qu’elles braillent en direction des cieux, comme une invocation religieuse à pouvoir disposer de leur temps comme bon leur semble.
Écartant le rideau, j’adresse un clin d’œil complice au soleil qui bien plus haut, dans sa course éternelle, reste sourd à leur complainte adolescente, accaparé qu’il est depuis la nuit des temps par des taches d’une bien plus grande importance.
Apporter de l’espérance et un soupçon de lumière à tous ces humains qui assombrissent le monde avec la face cachée de leur obscure bêtise, et magnifier cette planète en apportant un brin de poésie à tous ceux qui se désespèrent de leurs semblables, plus soucieux d’accumuler de vaines richesses que de voir chaque jour la scintillante beauté du monde.
Dans un souffle de lassitude, laissant mes belles décérébrées se remaquiller avant d’entrer en classe, je me lève et vais me préparer un second café, avec la certitude que ce nouveau jour a encore tant à m’apprendre, au-delà de ces commérages inconsistants et de cet astre indifférent à toutes nos mièvreries, qui a tant à faire pour que l’école du vivant continue de nous enseigner, non sans un certain mystère, le sens de notre voyage ici-bas…
Bonne rentrée des classes mes petites chéries.


