Bienvenus à La Paz, la capitale « administrative » la plus haute du monde (la ville de Sucre étant la capitale réelle et historique de la Bolivie);-)
La Paz est toujours un choc visuel et émotionnel. Unique au monde, vertigineuse et grouillante de vie au fond de ce chaudron suspendu à 3500 mètres d’altitude où l’oxygène se fait rare, pour les individus comme pour les véhicules qui arpentent ses pentes abruptes et ses côtes intraitables. Il faut adapter le pas et marcher lentement, s’arrêter souvent, et régler les carburateurs pour que la moto ne cale pas à tout bout de champ… une expérience unique, édifiante et décoiffante!
En cadeau, un texte de Russel Banks:
Voyager
« À notre époque, les voyages que nous nous choisissons volontiers sont en grande partie des voyages dans le temps. Nous allons à Paris, nous visitons Venise, Athènes et la Terre sainte surtout pour avoir un aperçu du passé, et nous arpentons les rues pavées avec un guide à la main, un chapeau contre le soleil et un parapluie refermé – imitant le mieux possible Henry James à Rome et Flaubert au Caire. Ou bien nous nous envolons pour Tokyo, Pékin, voir Abou Dhabi, afin de jeter un coup d’œil prudent, sans risque, sur l’avenir. Parfois, cherchant à la fois le passé et l’avenir, nous nous rendons dans des villes telles que Lagos, Mexico et Lima. C’est voyager dans le temps, mais c’est uniquement dans le passé et l’avenir de l’humanité que nous sommes allés.
Pour certains d’entre nous, cela ne suffit pas. Nous voulons nous déplacer encore plus loin dans le temps pour voir et imaginer de nouveau la planète sans ses milliards d’êtres humains.
Dans ce but, nous organisons une expédition et descendons l’Amazone sur un radeau ou bien nous allons en Afrique où nous nous offrons le clone d’un Safari à la Teddy Roosevelt sauf que ce ne sont pas des fusils que nous braquons sur les grands animaux mais nos appareils photos. Certains d’entre nous vont se balader dans l’Arctique, dans des déserts inhabités ou jusqu’au sommet des montagnes – les derniers endroits où un voyageur peut être seul, plus ou moins, et avoir une vue de la planète telle qu’elle était avant que nous ayons commencé à la tuer.
Mais qui est assez riche pour cela ? Qui a le temps ?
(…)
Chaque fois que je monte dans ma machine à explorer le temps entre parenthèses en général, une voiture de location climatisée que je prends à l’aéroport international de Miami) et que je me rends dans les Everglades, je voyage dans un lieu qui a pour moi une résonance si personnelle que j’en frissonne. J’y vais presque toujours seul. Je suis ainsi moins distrait, et je souhaite ne pas l’être parce que, lorsque je suis sur place, le centre même de mon imagination est immédiatement touché : le monde entier se charge de significations et se personnalise comme dans un rêve très fort. C’est montant du rêve, et je veux que personne, pas même quelqu’un que j’aime et en qui j’ai confiance, ne vienne me réveiller.
La plupart des gens, s’ils ont de la chance, connaissent un endroit ou deux où ce genre de choses leur arrive, mais pour moi ça se passe dans les Everglades. »
Russel Banks



























