
Je me promène depuis de longues minutes au travers des poèmes d’Anise Koltz, poétesse luxembourgeoise dont j’ignorais encore récemment l’existence et l’œuvre éloquente. Alors que je suis sur le point de réaliser la vente de mon entreprise, de signer avec un acquéreur belge, mettant ainsi un terme heureux à de longs mois de tourments et de combats pour la sortir de l’ornière et éviter la faillite personnelle qui s’annonçait, j’éprouve le besoin de gambader dès que je le peux dans le champ fleuri des mots. La littérature est un baume apaisant.
Durant les dernières semaines, en particulier, j’ai été happé autant que concentré sur la réussite de cette opération qui me permet de reprendre une liberté absolue et immédiate de mon temps et de mes actes. Me voilà bientôt délivré d’un poids immense et d’une aventure entrepreneuriale décevante, la septième aventure en ce qui me concerne, ce qui fait de moi un indécrottable multirécidiviste de la création d’entreprise ou un aventurier de l’entrepreneuriat.
J’envisage de partir faire un tour du monde durant quelques longs mois et de me consacrer enfin à l’écriture, alliant l’inspiration féconde que procure le voyage à un intense besoin de solitude, de repos et de tranquillité.
La langue de cette femme est constellée de belles images et d’expression ciselées qui scintillent, pleines de sens et de saveurs. Voici un petit chapelet de mots dont je tripote chaque grain machinalement. Au détour de la lecture, je souligne ces bouts de vers qui résonnent en moi :
Sur le fil tendu de nos vies…
Si tard qu’il se faisait…
Qui me reconnaîtrait au bruit de mes pas…
Je lis alors par curiosité sa bibliographie qui figure dans les dernières pages et je moissonne ces jolis titres qui parlent plus éloquemment de la vie que tout un roman :
Le cirque du soleil
Vienne quelqu’un
Souffles sculptés
Le porteur d’ombre
L’avaleur de feu
Un monde de pierres
L’ailleurs des mots.
Je referme ce livre joliment intitulé Somnambule du jour puis le ré-ouvre au hasard. C’est là que je m’arrête, aveuglé par la clarté soudaine du titre d’un des recueils le composant. Trois mots décrivant avec une justesse parfaite les jours que je rêve de vivre, prophétisant ce à quoi je tends de toute mon âme :
S’adonner au silence
Je rêve en effet de grands espaces lointains, d’heures solitaires interminables, de recueillement et de découvertes émerveillées. Le tout dans un silence fertile !