« Durant un voyage avec mes semblables, il n’était question que de festin et de rêves, leur insuffisance d’âme n’éveillait pas en leurs esprits les pensées qui nous disent qu’il existe un autre monde que celui de la réussite. Quand je fus de retour, je retrouvai mes premiers pas de solitude, les trottoirs étaient maculés d’une pluie si belle, que son éclat m’intimidait. Les feuilles d’automne m’attendaient comme des petites filles heureuses de me retrouver, et les hauts arbres qui longeaient la chaussée étaient trop fières pour me saluer, mais je distinguais leurs sourires sur leurs veilles écorces. J’étais heureux car j’avais retrouvé les miens. »
Jean-Marie Kerwich
PS: Christian Bobin a écrit quelques mots en guise de préface sur l’un des trois recueils de poème de ce poète gitan d’une sensibilité inouïe, que j’invite chacun à découvrir:
“ Jean-Marie Kerwich a longtemps vécu dans le cirque de ses parents. Les coups ont ouvert son âme à toutes les compassions. La pauvreté lui a légué ses ronces. Pour gagner sa vie il a craché du feu, jonglé dans les cirques qui inquiètent les enfants et dans les cabarets où s’endorment les diables. »












