
J’exercerai la profession de foi !
Je viens de me faire une promesse, d’ériger en loi inaliénable une feuille de route dont je vote aujourd’hui même le décret d’application : dorénavant et pour le reste de mon existence, je vais vivre en long, en large et en travers !
J’irai puiser dans le gris de chaque jour, dans le bleu d’un regard ou dans le blanc éclatant d’un sourire ma part de bonheur.
Je frôlerai pour excès de vitesse, la correctionnelle et ferai amende honorable sur les chemins du monde où l’escarpement, la sinuosité ou l’impétueuse beauté condamnent à la lente heure !
Je vais désormais, attentif et désarmé, avec l’âme d’un poète butineur découvrir ce que nos vies de labeur et d’illusion nous cachent trop souvent. Ce petit trésor de curiosité vive que l’existence moderne enfouit au plus profond de nous-mêmes, dans le coffre fort des regrets ou des rêves avortés.
Je vais épousseter ma parole, jeter à la corbeille tous les mots qui stagnent dans nos bouches et qui rendent incompréhensibles ou pesantes nos promesses et nos belles envolées. Je parle de tous ces mots paravents qui remettent au lendemain l’incandescent désir de vivre : « demain », « un jour », « peut-être », « plus tard », « pas tout de suite », j’aimerais bien » et tant d’autres qu’on lance légèrement au milieu de nos conversations et qui finissent par nous faire renoncer avec leurs semelles de plomb, à ce que nous nous sommes promis d’être…
Alors, au risque de manquer d’oxygène à force de respirer à des altitudes inhabituelles ou suspicieuses, à vivre sans relâche pour collectionner fiévreusement les merveilles dilapidées sur cette planète bleue, je décide de ne plus transiger et de tout faire pour mourir un jour en prononçant ces mots de Pablo Neruda : j’avoue que j’ai vécu !
Un amoureux de la vie ne peut mourir que d’une seule manière : toutes voiles dehors et en apnée du Soleil…