Être dans le vent.
Pas comme la girouette, qui perd le Nord à la moindre brise venue.
Ni comme le moulin qui broie l’ennuie du meunier et le roule dans la farine, les jours de pétole.
Ni même comme la voile, faseyant au quai, dans l’espoir d’un vent arrière, impatiente de nouveaux horizons, qui tardent toujours à venir.
Mais plutôt comme le pilote de sa propre vie, qui sait que les vents contraires sont toujours porteurs, de bonnes nouvelles, d’espoir et de grandes envolées.
Souffler contre le vent adverse et décoller face à lui, en portant le regard au loin, là où la terre se courbe pour accueillir la ribambelle de rêves qui surviennent toujours à tire d’ailes…
L’Argentine est le pays des vents. Ils déboulent de tous les horizons. Tabassent les motards indociles et trimballent les hordes de nuages, avec la même fuite dans les idées, que des forçats de l’existence, qui l’ont échappé belle.
Je vous laisse sur cette bourrasque de mots, avec ce joli conte que l’on doit à Jean Giono, dans le Grand Troupeau :
“Le berger prend l’enfant dans ses bras en corbeille.
Il souffle sur la bouche du petit.
« Le vert de l’herbe », il dit.
Il souffle sur l’oreille droite du petit.
« Les bruits du monde », il dit.
Il souffle sur les yeux du petit.
« Le soleil. »
« Bélier, viens ici. Souffle sur ce petit homme pour qu’il soit, comme toi, un qui mène, un qui va devant, non pas un qui suit. »
Commémorant le premier jour où fut hisser le drapeau argentin,
le 20 juin 1820, par son concepteur, le général Manuel Belgrano.