Le diable et les trois petits singes.

Si Dieu a créé l’homme à son image, je peux vous assurer que je n’aimerais pas me retrouver coincé par lui dans une ruelle à 3h du matin ou être obligé de dîner en tête-à-tête en sa compagnie, car j’aurais un mal fou à ne pas manifester mon indignation et cette profonde déception quant à son œuvre magistrale, lorsque je regarde ce que l’humanité est en train de devenir. 

Et comme il est fortement conseillé de se munir d’une longue fourchette, lorsque l’on est invité à dîner avec le diable, je me demande souvent si Dieu et le Diable ne seraient pas finalement les deux faces d’une même pièce, à l’image des hommes qui sont capables du pire comme du meilleur, renfermant dans l’essence de leur être, la lie et le nectar.

Plus je voyage, plus j’observe et plus je constate le même vide existentiel, le même désœuvrement, le même aveuglement chez la plupart de mes semblables. Le courage et la lucidité ne sont véritablement pas les deux qualités les plus répandues au monde, encore moins les mieux réparties… et ce, quelques soit les latitudes ou les cultures. 

Le monde ne changera pas seulement grâce à des lois ou des réglementations, non plus par des incitations fiscales ou morales, ni à coup de petits gestes de sobriété d’une infime minorité de la population, plus sensibilisée que l’immense majorité d’autruches qui se réfugient quotidiennement dans le déni de la réalité, le divertissement à haute dose, une hyperconsommation vaine et dévastatrice, ou d’obscures théories du complot ! Tout cela ne sont que des moyens pour ne pas regarder la réalité en face et des dérivatifs commodes pour ne rien changer. Or, le changement qui s’impose est urgent, fondamental et urgent.

Les preuves de la dégradation de la planète, notre seule et unique demeure vivable dans l’Univers, dépassent en ampleur et vitesse tous ce que les scientifiques avaient pronostiqué, et ce depuis des décennies ! Et pendant ce temps-là, on joue au trois petits singes assis côte-à-côte, les si mal nommés : les singes de la sagesse !

L’un refuse de voir, l’autre d’entendre, quant au troisième, sans doute le plus coupable, il refuse de s’exprimer. 

L’une des interprétations possibles de ces préceptes de sagesse, dérivé des entretiens de Confucius peut s’exprimer ainsi : 

·       Ne pas vouloir voir ce qui pose problème,

·       Ne pas vouloir entendre pour pouvoir faire « comme si on ne savait pas »,

·       Ne rien vouloir dire de ce qu’on sait pour ne pas prendre de risque.

Et c’est bien là qu’est le nœud du problème. Albert Einstein nous le rappelait si justement :

« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire. »

Car c’est précisément de cela qu’il s’agit, l’éternel combat entre le bien et le mal. Pas d’un point de vue religieux, ni anthropocentré, car le fait que l’Homme se soit arrogé le droit de sa toute-puissance, se plaçant abusivement, depuis des siècles, au sommet de la pyramide du vivant, revendiquant sa prédominance sur tout ce qui existe sur terre, a conduit à une folie et à un monde absurde. Tandis que notre maison commune brûle, la grande majorité d’entre nous, par inconscience ou pure lâcheté, ne s’en soucie pas ou détourne le regard. Les flammes ravagent désormais la toiture, mais nous sommes confortablement dans le salon, comme si de rien n’était, engoncés dans notre insouciance et notre égocentrisme, absorbés par la dernière série Netflix dont on cause, égarés durant des heures sur des réseaux qui sont tout sauf sociaux ou les yeux rivés sur nos écrans pour acheter les derniers articles à la mode.

Depuis plus de trois siècles, mais avec une très nette accélération depuis les 70 dernières années, l’Homme s’est placé au centre de l’Univers. Il a troqué toute forme de spiritualité, de tempérance et de sagesse pour l’idéologie du progrès et du confort matériel. La consommation est devenue sa nouvelle religion. La satisfaction de ses désirs, immédiats et inextinguibles, est devenue le Graal pour atteindre le bonheur. Dans le même temps, l’Homme s’est peu à peu coupé de la Nature, dans un premier temps pour s’en protéger, puis pour la domestiquer et finir par la soumettre et l’exploiter. Enfin, devenu un être déraciné, urbanisé, matérialiste à l’excès, déifiant la pensée rationnelle et scientifique, aux dépens de l’imagination, du bon sens, de la bonté et de l’intuition, l’Homme s’est peu à peu virtualisé, s’éloignant de toute réalité concrète. D’aucuns rêvent de s’exporter sur Mars (pourvu qu’ils y parviennent le plutôt possible !), quand d’autres rêvent de téléporter leur existence dans des univers virtuels, parallèles et fantasmés, et d’autres, innombrables, souvent déboussolés dans l’existence ou ivres d’eux-mêmes, baignent quotidiennement dans un narcissisme vain en ignorant simplement qui ils sont et les réalités de notre monde.

Comme disait Coluche : « Quand on regarde le monde tel qu’il est, si on croit en Dieu, on est tout de même obligé de croire en l’existence du Diable ! ».

Et ce sont toutes ces raisons qui expliquent la situation dans laquelle l’humanité se retrouve, pouvant être résumée en ces termes : foncer dans un cul de sac ou se hâter de sauter de la falaise. En d’autres termes, l’alternative est simple : continuer de faire du mal à la planète, en menaçant inéluctablement la survie de l’espèce humaine (bon débarras diraient certains !) ou à décider unanimement de faire le bien, en nous, autour de nous et à la Terre.

Car durant des siècles, l’Homme a cru que ce qui était bien pour lui, était bien pour la planète. Et c’est ainsi qu’il mis à mal, sans vergogne, les ressources que lui offrait la Terre et la fragile biodiversité, dont toute vit dépend sur cette planète, y compris celle des férus du Métaverse et des évadés intersidéraux. Il est grand temps que chaque être humain sur Terre exerce sa responsabilité individuelle, en son âme et conscience, et se mette à considérer que ce qui est bon pour la planète est bon pour lui ! Notre planète doit devenir la priorité absolue, il n’y a aucune autre voie possible.

Tant que la cupidité et la glorification de l’Argent roi, qui ont fait la raison d’être de nos civilisations modernes, continueront de dominer et de constituer la boussole du bonheur terrestre et de la réussite d’une vie terrestre, le scénario dystopique d’une destruction de l’humanité aura peu de chance de s’inverser. Tant que les trois petits singes que nous sommes, quelle que soit leur méthode de déni, continueront d’ignorer la froide réalité des faits et des chiffres, les hommes continueront de courir collectivement à leur perte, par l’irresponsabilité de leur comportements individuels. Quand comprendrons-nous de manière individuelle et collective, que courir sans relâche vers l’accumulation de biens matériels, vers l’enrichissement personnel en accumulant de confortables comptes en banque alors que la planète brûle, que l’eau vient à manquer, que la misère et les inégalités progressent comme jamais et que la vie sur Terre est déjà en train de gravement s’éteindre, que tout cela est une folie et revient à se concentrer sur une seule obsession : accumuler de la monnaie de singe ?

Après avoir traversé trente-quatre frontières durant les cinq dernières années, avoir pris le temps d’observer avec une infinie attention les hommes et leurs modes de vies sur quatre continents, de toutes classes sociales et d’innombrables cultures, je n’ai plus qu’une poignée de convictions sur laquelle repose mon espoir de sauver cette planète de la vorace folie des hommes. J’ai le privilège d’être libre de mon temps et de mes ressources. Ainsi, ai-je pu passer un temps infini à butiner le monde réel avec l’obstination d’une abeille qui veut cartographier un champs de fleurs sauvages, faire son miel de chaque jour, mais qui se confronte si souvent à la sécheresse de la terre et des cœurs ! J’ai appris au fil des jours et des kilomètres que l’homme est inconscient, préférant se réfugier dans la légèreté et l’ivresse de chaque jour, que d’avoir le courage d’affronter la réalité du monde et son urgent devoir de réinventer son mode de vie. Des milliards d’êtres humains rêvent leur vie plutôt que de la vivre. Quand tant d’autres passent leur journées à califourchon sur le verbe Avoir, pour se rassurer en accumulant et consommant follement, alors qu’ils devraient s’envoler vers un avenir meilleur, en s’accrochant aux ailes du verbe Être. Le monde continuera de courir à sa perte, et l’humanité à sa fin, tant que chaque homme et femme, n’aura pas le courage de la lucidité, la volonté de changer, d’affronter la réalité et la vérité telles qu’elles sont. C’est par un puissant et indispensable mouvement de prise de conscience que les choses pourront changer ! C’est le logiciel de chacun d’entre nous, notre vision personnelle du monde et un salutaire sursaut de conscience, comme l’atteinte d’une spiritualité qui replacera l’humain à sa juste place, qu’il faut rechercher et mettre en œuvre. Je n’écris plus pour que mes amis m’aiment davantage, comme disait Gabriel Garcia Marquez, mais pour changer le monde, tant qu’il est encore temps !

L’excellente nouvelle qui soutent un tel revirement de la conscience individuelle, et ce à l’échelle planétaire ( « Pure utopie », penseront certains ), c’est qu’une fois que nous regardons le monde tel qu’il est et que nous le projetons tel qu’il devrait être, c’est-à-dire bien moins cynique, plus humain, plus juste et solidaire, plus généreux et bienveillant, c’est-à-dire un monde cherchant le Bien plutôt qu’une planète et une société mise à Mal, le chemin est simple !

Chacun a le pouvoir de changer le monde. Et Gandhi avait grandement raison. Commençons par changer en nous-mêmes, par nos idées et notre comportement, par l’alliance de l’Être et du Faire, ce que nous voulons voir changer dans le monde. Tout part de chacun d’entre nous.  D’une prise de conscience salutaire et d’une mise en action de nos convictions. De la recherche de la cohérence. C’est précisément la recette du bonheur. La cohérence d’un être entre ses pensées et ses actes. La tarte à la crème du développement personnel et la rengaine des écoles philosophiques depuis des siècles. Encore faut-il se donner la peine de penser, et celle d’agir. Simple dans le principe, mais si compliqué si l’on observe les faits…

Et pour changer le monde, comme une majorité en rêverait tout en s’y prenant si mal ou en faisant le contraire pour y parvenir concrètement, il y a un moyen simple et formidablement efficace. C’est toujours l’histoire de l’harmonie du couple Être et Faire. Vouloir un monde meilleur implique évidemment de mettre en œuvre, chaque jour, consciemment, méticuleusement, ses actes en relation avec sa volonté d’un avenir meilleur, en agissant sur le présent.

Or, la bonne nouvelle réside dans le fait que la force de notre civilisation contemporaine, gavée de richesse ou ivre d’enrichissement et de croissance, est aussi sa faiblesse. L’argent est le sang de nos sociétés modernes, mais constitue son talon d’Achille. Pourquoi ? J’y viens…

La société humaine repose désormais sur deux addictions extrêmement fortes et délétères pour l’avenir des générations futures. C’est-à-dire, notre avenir commun. Je veux parler de l’argent et du sucre. Le premier détruit les relations humaines et les rapports entre les êtres aussi efficacement que le second s’attaque à la santé et à l’espérance de vie de chaque individu qui y succombe. L’hyper-richesse de quelques-uns est l’équivalent de l’obésité de plus grand nombre. Dans les deux cas, il faut raison garder et apprendre urgemment la tempérance. 

Dans cette mouvance, l’autre bonne nouvelle est que tous les États, toutes les entreprises, grandes et petites, toutes les organisations, publiques ou privées, toutes les marques au monde dépendent d’une même chose : Nous !

Les individus sous-estiment leur immense pouvoir. Chaque jour, les billets que nous dépensons valent plus que les bulletins de vote que nous glissons, pour ceux qui ont encore l’illusion de croire que cela sert à quelque chose, une fois tous les quatre à cinq ans dans une urne. En changeant nos comportements de consommateur, en dépensant notre argent, au goutte-à-goutte de cette perfusion qui alimente l’économie, nous influençons le monde. Arrêtez d’hyper-consommer, et c’est la panique sur les marchés financiers. Réorientez vos investissements, et le monde changera de cap et de couleurs… Croyez-moi, c’est aussi simple que cela. Je suis personnellement la preuve que moins consommer, mieux dépenser change la vie et rend magnifiquement heureux. Essayez ! Ne serait-ce qu’un mois. Vivez en votre âme et conscience, non pour poursuivre des modes et des chimères imposées par un système qui passe son temps à vous essorer.

Je vous défie de mettre ces quelques principes en application. Reparlons-en dans un mois, ou à la fin de cette année 2023, durant laquelle vous vous serez interrogé personnellement, avec sincérité, en famille, au cœur de chacune des communautés auxquelles vous appartenez, sur vos actes de consommation. Est-ce que mon activité, mon métier, mes innombrables heures d’activité ont un sens et sont bons pour la planète, sont utiles à la vie sur Terre ? Est-ce que ce que je fais chaque jour, en œuvrant et en dégainant ma carte de crédit, est bon pour l’avenir de mes enfants ? Est-ce qu’aujourd’hui j’ai changé le monde par mon action et ai trouvé ma part de bonheur ? Quelle est la raison profonde de chacun de mes actes et les conséquences sur la vie de ma planète, Notre terre ? Est-ce que je continue de nourrir le Mal ou est-ce que je contribue au Bien ? Qu’ai-je fais aujourd’hui pour changer le monde ou inspirer un monde meilleur ? 

Tant que chacun d’entre nous, en son âme et conscience, ne se posera pas ces questions et continuera d’avoir des comportements personnels incohérents, nous continuerons de creuser, de notre vivant, la tombe de nos propres enfants et de construire un monde qui ressemblera soit à Terminator, soit à la Planète des singes…

Bon voyage dans votre âme et conscience, le seul pays qui vous appartienne de parcourir !

Publié par

Entrepreneur, écrivain et globe-trotter. L'homme le plus léger, le plus libre et le plus heureux du monde;-)

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