« Dans le silence et la solitude, on n’entend plus que l’essentiel ».
Camille Belguise
La grâce de cette insecte qui partage avec moi une gorgée de bière.
Elle a la taille d’une fourmi et s’est déguisé en mante religieuse.
Mais de quelle religion est-elle le sujet ? Assujettie à quelle raison d’être? Où est sa famille? Sa tribu?
Elle ère comme moi sur le rebord d’un verre avant sa mise en bière… Tandis que la nuit s’avance avec son cortège de fausses promesses.
Cette Lilliputienne sait-elle combien je suis inoffensif malgré ma profession de Gullunivers?
J’aimerais la convier à dîner, lui offrir quelques miettes de la joie qui me colle encore aux pattes après cette nouvelle journée passée à moissonner l’improbable, en équilibre précaire sur les rebord d’une planète tournoyante.
On ne s’est pas présenté. La vie éphémère se passe de mots.
Elle me quittera après quelques révolutions alcoolisées, compagne de bar de ma nuit solitaire.
En la regardant vivre, errer et découvrir, se pourlécher l’extrémité d’une patte trempée dans le houblon, elle m’enseigne davantage de choses que toute l’Education Nationale et son armada de mammouths.
Ce soir, sur un comptoir du bout du monde une mante-fourmi m’a appris la valeur de l’instant présent. Je me croyais capitaine de mon âme, je ne suis qu’un humble apprenti de l’existence qui tente de se faire mousser…
Salut ma belle. Ma plus belle rencontre du jour qui s’éteint…