
Il y le sable qui décompte le temps, celui captif des sabliers, que connaissent si bien les cuisiniers ou les joueurs d’échecs. C’est le sable qui nous file entre les doigts dès que l’on éprouve un sentiment de bonheur ou un instant de joie. C’est le sable du temps qui passe qui nous rappelle qu’il faut en profiter, que rien n’est éternel et que l’instant présent est le théâtre où tout se joue.
Mais il existe un autre sable, celui condensé des distances, qui témoigne de la géographie traversée. C’est le sable des kilomètres parcourus, de la terre conquise avec humilité et un soupçon d’intrépidité. Car c’est un sable qui se mérite, qu’il faut aller ratisser dans les grandes distances sur deux jambes ou quatre roues. C’est le sable avec lequel on échafaude ses rêves d’explorateur ou de bâtisseurs depuis la tendre enfance, depuis le bac à sable (ces espaces de liberté qui ont tendance à disparaître des jardins publics, pour cause d’hygiène).
Triste époque où des fonctionnaires ont droit de mort sur des rêves enfantins, alors que jeune bambin on s’imagine arpenter des dunes désertiques en chameau ou en 4×4 (sa version moderne) ou bien en construire des châteaux de sables le temps d’un été vite balayé par les vagues.