Hors du temps

Au bout du chemin, la simplicité extraordinaire !

Comme souvent, derrière le pénible, la souffrance, la peur, se cachent l’extraordinaire, la récompense ultime du voyageur.

Nous partîmes de bon matin d’une petite bourgade, Rio Colorado, où nous avions passé la nuit. Trente six kilomètres vers l’Est, sous un soleil plein de lumière mais n’assumant pas encore pleinement ses prérogatives en termes de réchauffement climatique. Pour sa défense, il était tôt et la Pampa argentine était encore fraîche des quatre degrés de la nuit. 

Parvenus à un embranchement, un croisement parfait de deux lignes droites, il nous fallait bifurquer vers le Nord à angle droit, pour rejoindre la petite ville de Guatraché, distante de cent-cinquante-deux kilomètres. La piste comme beaucoup de pistes en Argentine était excessivement large et pleines de surprises, contrairement aux pistes chiliennes qui sont plus étroites et plus faciles pour les motards. Rien ne nous fut épargné durant les trois heures de route que pronostiquait Google Maps et qui s’avérèrent, en réalité, quatre bonnes heures d’épreuves sur une piste pleine de surprises, d’une rectitude épuisante. Le vent de face fit rapidement place à des bourrasques de travers, dont la Patagonie a le secret, et qui rendent délicate la conduite sur un revêtement instable, qui plus est lorsque l’on est deux sur la moto, les valises et le top caisse chargés. Notre équipée sauvage pèse tout de même plus de 340 kilos entre le poids de la moto (160 kg), les deux passagers (150kg), le carburant et les bagages (40 kg). Cela limite les possibilités et l’improvisation, qui est l’essence la plus efficace vers le bonheur.

Au fil des kilomètres, la piste distribuait capricieusement les difficultés, alternant les portions de terre sèche sur laquelle le motard reprend confiance et accélère, la caillasse qu’il faut éviter et qui malmène l’amortisseur central au maximum de ses possibilités, puis soudain, au creux d’une pente, les surfaces recouvertes de sable épais, accumulé par les intempéries, obligeant soudain à changer d’allure, frôlant la perte de contrôle, la roue avant flottant mollement, dérapant dans l’épaisseur sablonneuse et la moto perdant l’accroche.

La concentration était intense et interdisait la moindre incartade. Surtout ne pas se laisser surprendre. Conserver la maîtrise et ne pas céder à la peur légitime de chuter, en envoyant ses passagers dans le fossé. Éviter la chute, coûte que coûte, maintenir l’allure et se rappeler que le principal danger est la peur de l’obstacle. Contrer l’instinct qui pousse à ralentir et à mettre les pieds par terre pour stabiliser, le plus sûr moyen de finir sur le sol. Ne pas penser à mes mésaventures dans le désert de l’Atacama, où j’avais été victime d’un épais banc de sable qui m’avait envoyé au tapis. Faire table rase et faire confiance à mes décennies d’expérience et à cet engin conçu pour affronter les pires obstacles, comme le fut mon Defender en Afrique. Savoir que face à la difficulté du terrain, il faut débrayer l’humain avec son lot de peurs naturelles, et laisser faire la machine et les lois physiques, inexorables et objectives !

Mattéo s’avéra un passager idéal. Immobile, confiant, épousant à la perfection chaque mouvement que j’impulsais à la moto. En dehors des heures de froid qu’impose fatalement l’hiver en Patagonie, avec ses vents indociles, il venait de faire l’expérience de la piste, dans ce qu’elle a d’exigence et de traitrise. Sur la selle arrière, je n’avais plus seulement un fils, mais un véritable compagnon de route, un partenaire efficace pour les temps difficiles. Nous étions désormais, en quelque sorte, des partners in crime 

Nous ne savions pas encore, au creux de l’action, que nous avions rendez-vous avec l’un des moments du voyage qui justifie et efface à lui-seul, les heures d’ennui, de fatigue ou d’angoisse, que recèle tout périple vers l’inconnu, derrière la carte postale affichée et la réalité que les gens imaginent.

Arrivés à Guatraché, au terme de ce parcours du combattant, après plus de quatre heures de piste, nous échouâmes dans un lieu sans prétention pour y déposer nos valises poussiéreuses et espérer un repos bien mérité. Encore pleins d’espoir, nous allâmes découvrir en début de soirée, cette modeste bourgade où tout était fermé et assoupi. Inutile de souligner que nous fûmes quelque peu déçus d’un tel accueil face aux exploits routiers dont nous pensions être les acteurs. C’est ainsi, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, que nous échouâmes dans le seul lieu ouvert en ce dimanche soir, un semblant de restaurant italien, vide de tout client, pour y ingurgiter la plus mauvaise pizza et descendre la plus mauvaise bouteille de Malbec que l’Argentine ait jamais produite. Décidément, ce jour fut une épreuve jusqu’à son extinction et les héros de la piste que nous pensions être à cet instant devraient attendre un jour meilleur pour effacer l’affront de telles turpitudes. La première leçon que doit apprendre par cœur un voyageur au long cours, est l’abnégation et l’humilité !

Nul doute que demain serait un autre jour.

Nous nous étions arrêté à Guatraché car c’était sur notre chemin vers le nord de la Pampa, mais surtout parce qu’une amie m’avait signalé, quelques jours auparavant, qu’il y avait dans les environs une colonie de Menonitas, et que l’on aurait sans doute possibilité d’y faire une halte.

Pour faire court, les Ménnonites forment un mouvement religieux évangélique, né dans la première moitié du 16ème siècle, au Pays-Bas, dans le courant de la Réforme radicale de l’église. Leur nom provient de leur fondateur, Menno Simons qui appuyait la légitimité de sa doctrine religieuse, notamment sur l’anabaptisme, consistant à refuser le baptême des enfants et n’envisageant celui-ci qu’à l’âge adulte, en pleine conscience et après avoir fait sa profession de foi. Au fil des siècles, le mouvement s’est progressivement étendu à la Prusse, à la Pologne, à l’Est de la France (l’Alsace comptant aujourd’hui la plus grande communauté, sur une totalité estimée de plus de deux mille membres).

Comme les Amish, qui furent popularisés par le film hollywoodien The Witness avec Harrison Ford, les Mennonites ont subi de nombreuses répressions politiques et religieuses et un grand nombre d’entre eux en ont profité pour émigrer, notamment vers l’Amérique du Nord. Puis, ils ont essaimé vers le Sud, puis jusqu’au XXème siècle, par vagues successives, certaines colonies se sont installées au Mexique, en Bolivie, au Paraguay et depuis 1985, en Argentine.

On estime à 1,4 million les membres de cette communauté protestante, répartis sur les cinq continents. 

En rentrant de notre horrible restaurant du centre-ville, je croisais Hugo, l’aimable patron du petit hôtel où nous louions un bungalow pour la nuit. Je lui expliquai que la piste avait malmené la moto et qu’une barre de protection autour du carénage était sérieusement dessoudée, lui demandant s’il connaissait quelqu’un à Guatraché qui pourrait faire quelques points de soudure, pour solidifier l’ensemble. Il me répondit que je trouverai tout ce dont j’avais besoin chez les Menonitas, que c’était notamment leur spécialité et qu’ils se feraient un plaisir de réparer tout ce dont j’avais besoin sur la moto. Plus de doute possible, demain serait résolument un autre jour…

Nous sommes donc partis vers dix heures du matin pour rejoindre la colonie de Nueva Esperanza située à plus d’une trentaine de kilomètres par une piste moins endommagée que celle de la veille. Hugo m’avait gribouillé un plan très sommaire sur un bout de papier, m’expliquant que la colonie était très étendue et se répartissait en plus de neuf camps. Il m’avait indiqué là où devait se trouver le ferronnier pour la soudure et un lieu peu éloigné, dans le camp N°2 où nous trouverions de quoi prendre un café et nous restaurer.

Il faisait frais mais le ciel était d’un bleu optimiste et tenace pour nous accompagner dans ce qui allait ressembler à un véritable saut dans le temps, qui allait nous propulser au XIXème siècle. Autrement dit, sur une autre planète…

Suivant tant bien que mal les indications de Hugo, nous parvînmes quarante minutes plus tard sur un chemin de terre, le long duquel se parsemaient des habitations pour le moins austères, des hangars sommaires surmontés de citernes d’eau, des bâtis de type industriel qui devaient abriter des ateliers, du matériel agricole ou de construction. Mais quasiment pas une âme qui vivent dans ce dédale de chemins rectilignes et poussiéreux, se croisant à angles droits. Le premier contact, concrétisé par un salut de politesse et un regard aussi timide qu’étonné, fut lorsque nous croisâmes un groupe de quatre femmes assise dans une cariole tirée par un cheval. Plus de doute possible, notre Kawasaki KLR 650cc était une machine à remonter le temps et on nous regardait avec une pointe de curiosité. 

Les Mennonites consacrent l’essentiel de leur temps au travail, à leur cercle familial, à la communauté, ainsi qu’à l’exercice de leur dogme religieux reposant sur le respect strict des principes bibliques, une vie simple, frugale et laborieuse que l’on pourrait jugée ascétique et puritaine, et enfin sur la fraternité et l’entraide. Finalement, ils mettent à en pratique des principes de sobriété et d’entraide ainsi que des valeurs vertueuses, véritable contraste à notre époque contemporaine qui glorifie l’argent, le divertissement et l’individualisme qui vient souvent s’échoir sur le récif du narcissisme. 

Cherchant le lieu où nous pourrions ressouder les pièces branlantes de la moto, nous avancions le long de propriétés qui se succédaient sans la moindre clôture, ni portail, ni même de numéro ou de panneau comportant un nom ou une activité. Comment dans ce cas identifier où se trouvait les ferronniers ou le lieu pour se restaurer ?

C’est alors que nous croisâmes Gerardo, qui déboulait d’un chemin de traverse, assis sur un charriot à deux roues (avec deux pneus et pas deux roues en bois comme on aurait pu s’y attendre dans une version hollywoodienne – la modernité ayant tout de même du bon, visiblement). Voyant que nous cherchions à lui parler, il tira fermement sur les rennes et déclencha ainsi l’ABS de sa monture qui stoppa net son cheval, ruant littéralement dans les brancards et peu enclin à un tel freinage d’urgence. Depuis quand, une demande de renseignements était-il un motif impérieux pour actionner si durement le mors, semblait nous signifier le fougueux bourrin avec son regard réprobateur et sa gueule écumante.

J’expliquai à Gerardo, notre futur ami et guide dans la culture mennonite, que je cherchais un ferronnier capable de ressouder une pièce cassée sur mon engin, en me gardant bien de lui préciser que j’avais, contrairement à lui, quarante chevaux entre les cuisses. Il faut savoir faire preuve de discrétion et d’humilité, lorsque l’on est dans le besoin et que la seule âme qui puisse nous venir en aide semble plus chichement pourvue.

Gerardo nous expliqua qu’il pouvait nous venir en aide si nous le voulions, et ressouder la pièce endommagée, si nous le suivions jusqu’à chez lui. 

Devant mon hésitation, mélange de méfiance idiote et de pragmatisme convenu consistant à me fier davantage aux dires et au plan griffonné par Hugo qu’à un inconnu qui pilotait une cariole d’un autre siècle, je déclinai et insistai pour localiser la bâtisse des ferronniers. Sans insister, Gerardo nous indiqua un grand hangar à une centaine de mètres sur la gauche du chemin. Il nous salua et nous précisa que si nous voulions venir chez lui pour discuter, nous le trouverions au camp numéro 7. A une époque où l’on ne survit plus guère sans une adresse précise ou des coordonnées GPS, confiant notre destination à une intelligence artificielle et sacrément distante, cette invitation avait quelque chose d’incongrue et de furieusement poétique. C’est un peu comme s’il nous avait dit : « passer donc prendre un café à la maison », en nous précisant, « entre mercredi matin et samedi soir. »

Comme la vie est douce et facétieuse quand elle n’est pas si réglée…

Dans le fameux hangar, nous tombâmes sur deux frères, dont la tonsure rousse ne laissait aucun doute sur leur lointaine origine européenne. Ils étaient tous deux timides, impressionnés par les deux extraterrestres auxquels, Mattéo et moi ressemblions, ou simplement taiseux et peu portés sur les balivernes de deux gitans venus interrompre leur matinée de labeur. Toujours est-il que je leur expliquai en espagnol mon besoin de soudure. Sans protocole, le plus jeune me demanda de garer la moto à l’entrée du hangar, rapprocha son arc à souder et se mit à la tâche sans le moindre mot. Sept minutes plus tard, après une flopée d’étincelles jaillissantes des mains de notre jeune soudeur, quelques sourires et regards complices échangés avec l’ainé des deux frères, notre moto avait retrouvé toute sa robustesse. 

Lorsque je leur demandai combien ils voulaient pour m’avoir rendu si rapidement et efficacement service, ils refusèrent et me dirent que c’était gratuit. Il fallut que j’insistasse pour leur glisser un petit billet, en leur précisant qu’ils en feraient certainement bon usage. Nous nous saluâmes, après avoir immortalisé notre courte rencontre par une photo, et nous reprîmes notre chemin, à la recherche d’un lieu où nous pourrions boire un bon café ou déjeuner.

Avançant sur la piste, passant au ralenti devant des successions de propriétés où rien n’indiquait que l’on puisse s’arrêter pour s’y restaurer, nous tombâmes de nouveau sur Gerardo, qui arrivait d’un chemin sur la gauche. Il s’arrêta en nous voyant et son passager descendit de la cariole. Je lui montrai la réparation et lui dit que nous cherchions maintenant un lieu pour manger, il était midi trente. Il nous proposa de le suivre, après avoir vu nos mines décontenancées lorsqu’il nous expliqua qu’il fallait prendre la prochaine à gauche, tourner au troisième bloc, et ensuite à la quatrième maison sur la droite. On comprend mieux pourquoi aucun Mennonite n’a fait fortune dans les instruments de navigation ou n’a même osé monter sa propre start-up spécialisée dans les technologies GPS ou de cartographie.

La maison qu’il nous indiqua comme étant le comedor (c’est-à-dire le lieu de restauration du camp 7) ne comportait évidemment aucun panneau, juste un vague écriteau sur une porte, invisible depuis le chemin. Alors que nous garions la moto devant ce qui promettait d’être un comedor, un grand gaillard sortit de la maison d’en face et vient s’excuser qu’il soit fermé, car ils ne disposaient ni d’eau ni d’électricité, depuis le début de la matinée.  

Nous reprîmes notre chemin, la faim et la déception au ventre. Gerardo nous avait dit, en nous laissant et en nous souhaitant bon appétit dans un espagnol approximatif, que si nous voulions passer chez lui après déjeuner, nous étions les bienvenus, tout en précisant que sa maison était située en face de l’école, et qu’elle était surmontée de deux grandes citernes. Bien évidemment, rien n’indiquait ou permettait d’identifier une quelconque école. Voyant sur notre gauche une double citerne, nous nous engageâmes dans une allée et reconnurent le fougueux cheval et la cariole de Gerardo. 

Alors que nous garions la moto, une poignée d’enfants jaillit sur le pas de la porte, les yeux écarquillés devant les deux extraterrestres qui venaient de débarquer, nous observant avec un subtil mélange de curiosité, d’amusement et de crainte. Il était évident que leur père les avait prévenu de notre arrivée imminente, et l’on sentait bien qu’ils refoulaient un millier de questions que leur bouche n’osaient formuler, aucun ne parlant espagnol, mais que leur yeux rieurs n’hésitaient pas à poser. 

Sans doute faut-il préciser ici, que les Mennonites parlent très peu espagnol. Il n’utilisent cette langue, et principalement les hommes, que dans les interactions avec le reste de la société argentine, lorsqu’ils vont à Guatraché ou traitent avec des sous-traitants ou fournisseurs qui font le lien avec la société moderne. Les Mennonites parlent entre eux le Plautdietsch, une version dégradée de l’allemand, issue d’un mélange d’ancien prussien et de hollandais. Si bien que nous parvînmes à communiquer avec Gerardo, qui ponctuait chaque fin de phrase, de manière amusante, par « tranquillo ». Sa femme, Anna, comprenait tout de mes explications en espagnol, sans pouvoir parler, tout en n’osant guère nous regarder, comme si elle voulait s’excuser de ne pouvoir communiquer avec nous. En revanche, les enfants qui ne sortaient jamais de la communauté, vivaient en vase clos entre leur foyer et l’école, n’ayant absolument aucune notion d’espagnol. 

Cette coupure avec la réalité du monde environnant, leur mode de vie pour le moins frugal et austère et le rejet de toute technologie ou confort moderne font des Menonitas un monde à part et fascinant.  

Très aimablement, nous furent conviés à déjeuner, après qu’Anna nous ait préparé un bon café sur le poêle à bois, afin de nous réchauffer. Les enfants nous mangeaient des yeux. J’essayais de les faire rire et les pris en photo, puis leur montrais les clichés, ce qui déclencha l’hilarité générale, sans pour autant qu’il se départissent d’une pointe de gêne, comme si rire était interdit par leur dogme protestant. 

Comme en Afrique, lorsque je prenais les enfants en photos pour faire plaisir aux parents et susciter le dialogue, je m’apercevais souvent qu’ils ne s’étaient jamais vus en photo. J’arrivai à la même conclusion chez les Menonitas. Leur père n’avait qu’un vieux téléphone ne servant qu’à téléphoner. Ils n’avaient pas non plus de radio, encore moins de télévision et la musique est interdite par leur croyance, sauf si elle est de nature religieuse. Mattéo leur a demandé une adresse postale afin de pouvoir, une fois revenu en France, tirer quelques clichés et leur envoyer. L’exercice n’est pas simple car il n’y a ni rue, ni numéro dans cette colonie de mille six-cents âmes éparpillées sur des centaines d’hectares. Le déjeuner fut simple mais délicieux, sans doute le meilleur que nous ayons eu depuis que nous étions arrivés en Argentine. Nous échangeâmes avec Gerardo qui traduisait parfois à sa famille. Une fois que les enfants eurent filé à l’école toute proche, Gerardo nous fit visiter son atelier. Il était bâtisseur et ferronnier lui-même. Je m’excusais de ne pas lui avoir fait appel pour ressouder ma moto. J’en profitai pour lui demander s’il avait une vis pour solidifier mon parebrise qui menaçait de casser à chaque fois que nous encaissions des bourrasques de face. En moins d’une minute, il trouva la bonne vis et le parebrise était prêt à affronter les pires vents patagoniens.

Apparemment, ils nous avaient à la bonne car nous dûmes décliner leur invitation à rester coucher le soir, ce que nous aurions évidemment adoré. Mais notre voyage vers le nord était encore long et Mattéo devait absolument être à Buenos Aires le 28 juin pour son vol de retour. Nul doute que nous avons perdu une magnifique soirée sur la planète Mars avec des extraterrestres tellement plus humains et hospitaliers que la plupart des terriens que j’ai croisés depuis ces années quatre de voyage !

Gerardo nous griffonna un plan pour le moins schématique, sur un vieux bout de papier, celui-ci devant nous mener à la sortie de la colonie, et allait nous permettre de reprendre notre route bitumée vers le nord et d’autres aventures, plus ou moins asphaltées, mais sans doute moins surprenantes.

Nous nous saluâmes une dernière fois en les remerciant chaudement pour la gentillesse de l’accueil, et filâmes retrouver notre existence moderne et furieusement nomade, avec le sentiment respectif d’avoir vécu un moment suspendu, au-dessus de la réalité du monde, loin de notre époque moderne et étonnamment déshumanisée.

Pour tous ceux que ce sujet a intéressé ou cette rencontre médusé, voici un lien d’un article de Slate, traitant des Ménonnites de Bolivie mais qui rend bien compte de ce que le voyageur peut éprouver en rencontrant cette communauté étonnante et magnifiquement solidaire.

http://www.slate.fr/grand-format/mennonites-bolivie-circulations-175704

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Entrepreneur, écrivain et globe-trotter. L'homme le plus léger, le plus libre et le plus heureux du monde;-)

7 commentaires sur « Hors du temps »

  1. Magnifique récit de cette rencontre décalée et hors norme … nous et vous reconnectant à un monde proche et lointain sans artifice. J’approche la fin de Libre, au gré d’une dizaine de pages par jour, pour repousser chaque jour un peu la fin de cette lecture qui nous fait voyager agréablement.
    Bonne route

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  2. Je me rends compte, cher Frédéric, que ces « Chemins du Monde » m’arrivent sur la boite dite des messages « indésirables ». Ce qui est un comble pour des récits, de mon point de vue, ô combien désirables. Mais ce bug algorithmique n’est-il pas à l’image d’un monde où l’envie, multiple, foisonnante et esclave de l’instant, supplante le désir, unique, têtu et affranchi du temps ? Ne nous étonnons pas que l’algorithme ait choisi son camp : l’importune envie contre l’important désir. On pourrait se faire Ménonnite pour moins que ça !

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